Par Rosine Nkonla Azanmene
Aujourd’hui, les statistiques
disponibles révèlent que le Cameroun perd 25% de sa production agricole après
la récolte. Le Programme continental de réduction des pertes après récolte (cas
du Cameroun) produit par la FAO et la Banque africaine de développement (BAD)
en juin 2010 s’est appesanti sur une analyse par filières prioritaires pour la
sécurité alimentaire.
Pour le cas du maïs, les grains battus que
l'on stocke déjà détériorés (par les insectes et/ou le battage) deviennent
irrécupérables en trois mois de stockage, ce qui entraîne une perte pouvant
aller jusqu'à 15 %. S’agissant du riz, les deux principaux postes de pertes
sont le séchage et le stockage. Ils représentent 2/3 des pertes après-récoltes,
ajoutés aux pertes d’usinage (4/5 des pertes). Concernant les racines et
tubercules, notamment le manioc, les blessures et meurtrissures occasionnées
lors de l'arrachage, de l'entassement, du ramassage ou du transport
représentent des points d’entrées des virus et moisissures qui accélèreront le
pourrissement. Les pertes après récolte, en ce qui concerne les fruits et les
légumes, peuvent varier très fortement, de 10 à 80%. Celles-ci se répercutent
tout au long de la filière d’approvisionnement, pendant la récolte, le
conditionnement, l’entreposage, le transport, la vente et la consommation.
Outre l’absence des infrastructures
de conditionnement, cette situation est également causée par l’enclavement des
bassins de production. Les différents projets engagés par le gouvernement
visent à réduire ces pertes post-récoltes à 5%. Raison pour laquelle le
gouvernement multiplie les actions en vue d’atteindre cet objectif. Kye-Ossi,
Mvangan, Foumbot, Mbouda. Chacune de ces quatre villes devrait abriter très
prochainement, des complexes de conditionnement, de stockage et de
commercialisation des produits agricoles. Les procédures en vue de leur
réalisation ont été lancées en mars dernier et les travaux de construction, une
fois le marché attribué, s’étaleront sur une année. Ce sont au total, 168 125
tonnes de production agricole qui seront conservées dans lesdits complexes
d’après les estimations du Minepat. Ce projet qui devrait voir le jour en 2016
arrive dans un contexte où les préoccupations des agriculteurs par rapport aux
pertes post-récolte se font de plus en plus entendre. En effet, en novembre
dernier, lorsque l’administrateur de la Mission de régulation des
approvisionnements en produits de grande consommation (Mirap) visite le marché
de vivres frais de Foumbot, c’est un espace commercial dépourvu de magasins de stockage
et de chambre froide qu’il découvre.
D’après le document de travail de la
FAO sur le Cameroun, sur plus d’une cinquantaine d’interventions dénombrées
dans le secteur rural, environ une trentaine de programmes et projets en cours
ou planifiés concourt d’une certaine manière à la sécurité alimentaire et à la
réduction des pertes après-récolte, pour un coût estimé à près de 300 milliards
de F. Bien que, souligne cette même source, la portée des effets induits par
ces projets sur les pertes après récolte reste limitée du fait qu’ils ne sont
pas conçus de façon spécifique pour cet objectif. Néanmoins, les enjeux sont
connus : l’amélioration des revenus des producteurs, la disponibilité des
produits en quantité et en qualité sur tous les marchés à des prix abordables
et la sécurité alimentaire.
L’Organisation des Nations unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dans un document publié en 2011 et
intitulé : « Pertes et gaspillages alimentaires dans le monde », explique que
les tensions existantes entre la production et l’accès à la nourriture peuvent
être réduites en exploitant le potentiel de réduction des pertes alimentaires.
Des solutions sont proposées pour diminuer les quantités d’aliments perdues.
Parmi les mesures conseillées notamment pour les pays à faible revenu, figurent
entre autres l’amélioration des techniques de récolte au niveau des producteurs
et l’éducation des agriculteurs.
Le principal challenge reste la
transformation dont la pratique se fait encore à un stade embryonnaire, avec des
initiatives freinées par le manque de financements et la difficulté d’accéder
aux marchés où s’écoulent ces produits. Comme on a pu le voir lors de la
récente édition du Salon international de l’industrie agro-alimentaire de
Yaoundé (Sialy). Une fois encore, le regroupement des producteurs en
coopératives reste la meilleure voie vers une agriculture bénéfique au
producteur et à l’économie nationale.
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